Pourquoi et comment emprunter pour investir en bourse ?

L'emprunt pour investir en bourse est une stratégie financière qui peut amplifier les gains potentiels grâce à l'effet de levier. Cette approche permet de diversifier davantage son portefeuille et de profiter des conditions de taux d'intérêt bas. Cependant, elle comporte des risques importants qu'il faut bien comprendre. Une baisse de marché de 30% peut entraîner des pertes amplifiées pour les investisseurs ayant emprunté pour investir en bourse, en raison de l'effet de levier.

Pourquoi emprunter pour investir en bourse ?

L'emprunt pour investir en bourse est une stratégie financière qui attire de nombreux investisseurs cherchant à maximiser leurs rendements potentiels. Cette approche, bien que risquée, peut offrir des opportunités intéressantes dans certaines conditions de marché. Examinons en détail les raisons qui poussent certains à emprunter pour investir et les mécanismes qui sous-tendent cette pratique.

L'effet de levier : amplificateur de gains potentiels

La principale motivation pour emprunter afin d'investir en bourse réside dans l'effet de levier financier. Ce mécanisme permet d'augmenter la taille de l'investissement au-delà de ce que le capital propre de l'investisseur permettrait. Par exemple, un investisseur disposant de 10 000 € pourrait emprunter 20 000 € supplémentaires pour investir un total de 30 000 €. Si le rendement de l'investissement dépasse le coût de l'emprunt, les gains sont amplifiés. Prenons un cas concret : supposons un rendement annuel de 8% sur un investissement de 30 000 €, dont 20 000 € empruntés à un taux de 3%. Le gain brut serait de 2 400 € (8% de 30 000 €). Après déduction des intérêts de 600 € (3% de 20 000 €), le gain net s'élèverait à 1 800 €, soit un rendement de 18% sur le capital initial de 10 000 €. Sans effet de levier, le rendement aurait été limité à 8% sur 10 000 €, soit 800 €.

Diversification accrue du portefeuille

L'emprunt peut également permettre une diversification plus large du portefeuille. Avec un capital supplémentaire, l'investisseur peut accéder à une gamme plus étendue d'actifs, réduisant ainsi le risque global de son portefeuille. Cette diversification peut inclure différents secteurs, zones géographiques ou classes d'actifs, offrant une meilleure protection contre les fluctuations de marché spécifiques à certains segments.

Exemple de diversification améliorée

Un investisseur disposant initialement de 50 000 € pourrait, en empruntant 50 000 € supplémentaires, construire un portefeuille de 100 000 € réparti comme suit :
  • 30% en actions européennes
  • 30% en actions américaines
  • 20% en obligations d'État
  • 10% en immobilier coté
  • 10% en marchés émergents
Cette répartition serait plus difficile à atteindre avec un capital limité à 50 000 €, car certains investissements nécessitent des montants minimaux substantiels.

Profiter des taux d'intérêt bas

Le contexte actuel de taux d'intérêt historiquement bas rend l'emprunt pour investir particulièrement attractif. En France, les taux d'intérêt des prêts personnels oscillent entre 2% et 5% selon les établissements et les profils d'emprunteurs. Ces taux relativement faibles augmentent la probabilité que les rendements boursiers surpassent le coût de l'emprunt. Par exemple, sur la période 2014-2023, l'indice CAC 40 a affiché un rendement annuel moyen d'environ 7,5% (dividendes réinvestis). Un investisseur ayant emprunté à 3% pour investir sur cet indice aurait donc potentiellement dégagé un différentiel positif de 4,5% par an, hors frais et fiscalité.

Optimisation fiscale potentielle

Dans certains cas, l'emprunt pour investir peut présenter des avantages fiscaux. En France, les intérêts d'emprunt contracté pour l'acquisition de valeurs mobilières peuvent être déduits des revenus de capitaux mobiliers, dans la limite du montant de ces revenus. Cette déduction peut réduire l'assiette imposable et donc la charge fiscale globale de l'investisseur. Cependant, il convient de noter que cette optimisation fiscale doit être soigneusement évaluée en fonction de la situation personnelle de chaque investisseur et des évolutions législatives potentielles.

Accès à des opportunités d'investissement spécifiques

L'emprunt peut permettre à certains investisseurs d'accéder à des opportunités d'investissement qui seraient autrement hors de portée. Par exemple, certains fonds d'investissement privés ou produits structurés exigent des montants minimums d'investissement élevés. L'effet de levier peut ainsi ouvrir la porte à ces placements potentiellement plus rémunérateurs, bien que généralement plus risqués. Il est crucial de souligner que l'emprunt pour investir en bourse reste une stratégie risquée qui ne convient pas à tous les profils d'investisseurs. Une analyse approfondie des risques, une compréhension claire des mécanismes financiers en jeu et une gestion rigoureuse du portefeuille sont indispensables avant de s'engager dans une telle démarche.

Les risques associés à l’emprunt pour investir en bourse

L'emprunt pour investir en bourse comporte des risques substantiels que tout investisseur doit soigneusement évaluer avant de s'engager dans cette stratégie. Bien que l'effet de levier puisse amplifier les gains potentiels, il augmente également de manière considérable l'exposition aux pertes. Cette section examine en détail les principaux dangers associés à cette pratique.

Amplification des pertes potentielles

Le risque le plus évident de l'emprunt pour investir est l'amplification des pertes potentielles. Lorsqu'un investisseur utilise de l'argent emprunté, ses pertes peuvent rapidement dépasser son investissement initial. Par exemple, si un investisseur emprunte 50 000 € pour acheter des actions d'une valeur de 100 000 € et que le marché chute de 30%, la valeur de son portefeuille tombera à 70 000 €. Cependant, l'investisseur devra toujours rembourser les 50 000 € empruntés, ce qui signifie qu'il aura perdu 30 000 € sur son investissement initial de 50 000 €, soit une perte de 60%.

Appels de marge

Les appels de marge constituent un autre risque majeur. Lorsqu'un investisseur emprunte pour investir, le prêteur exige généralement que la valeur du portefeuille ne tombe pas en dessous d'un certain seuil, appelé taux de marge. Si la valeur du portefeuille chute en dessous de ce seuil, l'investisseur reçoit un appel de marge, l'obligeant à déposer des fonds supplémentaires ou à vendre une partie de ses actifs pour rétablir le ratio exigé. Par exemple, si le taux de marge est fixé à 30% et que la valeur du portefeuille chute de 25%, l'investisseur devra soit apporter des fonds supplémentaires, soit vendre une partie de ses actifs, souvent à perte.

Coût des intérêts et impact sur les rendements nets

Le coût des intérêts peut considérablement éroder les rendements de l'investissement. Même si le portefeuille génère des gains, ceux-ci peuvent être absorbés par les frais d'intérêt. Par exemple, si un investisseur emprunte 100 000 € à un taux d'intérêt de 5% par an et que son portefeuille génère un rendement de 7%, son gain net ne sera que de 2%. Dans certains cas, le coût d'emprunt peut même dépasser les rendements générés, entraînant une perte nette malgré la hausse de la valeur du portefeuille.

Tableau comparatif des rendements nets selon différents scénarios

Rendement du portefeuille Taux d'intérêt du prêt Rendement net
7% 5% 2%
5% 5% 0%
3% 5% -2%

Fluctuations du marché et volatilité

Les marchés boursiers sont intrinsèquement volatils et peuvent connaître des fluctuations importantes à court terme. Cette volatilité peut être particulièrement problématique pour les investisseurs qui empruntent, car ils doivent faire face à des paiements d'intérêts réguliers, indépendamment de la performance de leur portefeuille. Une période prolongée de baisse du marché peut rapidement épuiser les ressources financières d'un investisseur endetté. Par exemple, lors de la crise financière de 2008, l'indice boursier français CAC 40 a chuté de près de 43% sur l'année. Un investisseur ayant emprunté pour investir aurait non seulement perdu une part importante de son capital, mais aurait également dû continuer à payer des intérêts sur son prêt.

Risque de liquidité

L'emprunt pour investir peut également exposer l'investisseur à un risque de liquidité. Si le marché connaît une baisse soudaine et que l'investisseur a besoin d'accéder à ses fonds rapidement, il pourrait être contraint de vendre ses actifs à perte pour rembourser le prêt. Ce risque est particulièrement aigu dans les marchés illiquides ou en période de crise financière, où la vente rapide d'actifs peut s'avérer difficile ou se faire à des prix très désavantageux.

Comment minimiser les risques lorsqu'on emprunte pour investir

Lorsqu'on emprunte pour investir en bourse, il est crucial de mettre en place des stratégies pour minimiser les risques inhérents à cette pratique. Bien que l'effet de levier puisse amplifier les gains potentiels, il peut également exacerber les pertes. Voici donc quelques méthodes éprouvées pour réduire l'exposition aux risques tout en profitant des avantages de l'emprunt pour investir.

Diversification du portefeuille

La diversification est l'une des stratégies les plus efficaces pour réduire le risque global d'un portefeuille d'investissement. En répartissant les fonds empruntés sur différentes classes d'actifs, secteurs et zones géographiques, on limite l'impact d'une mauvaise performance d'un investissement particulier sur l'ensemble du portefeuille. Selon une étude de Vanguard, un portefeuille composé à 100% d'actions américaines a connu une volatilité annualisée de 15,7% entre 1926 et 2019. En revanche, un portefeuille diversifié comprenant 60% d'actions et 40% d'obligations a affiché une volatilité réduite à 8,6% sur la même période, tout en offrant un rendement annualisé de 8,8% contre 10,2% pour le portefeuille 100% actions.

Exemple de diversification pour un portefeuille de 100 000 €

Classe d'actifs Allocation Montant
Actions grandes capitalisations 40% 40 000 €
Actions petites capitalisations 15% 15 000 €
Obligations d'État 25% 25 000 €
Obligations d'entreprises 10% 10 000 €
Immobilier coté 5% 5 000 €
Matières premières 5% 5 000 €

Compréhension approfondie des termes de l'emprunt

Avant de s'engager dans un emprunt pour investir, il est primordial de bien comprendre tous les termes et conditions du prêt. Cela inclut le taux d'intérêt, la durée du prêt, les frais associés et les conditions de remboursement anticipé. Une connaissance approfondie de ces éléments permet de mieux évaluer le coût réel de l'emprunt et de s'assurer que les rendements espérés des investissements seront suffisants pour couvrir ces coûts. Par exemple, pour un emprunt de 100 000 € sur 5 ans à un taux de 3% annuel, le coût total des intérêts s'élèverait à environ 7 880 €. L'investisseur doit donc viser un rendement annuel supérieur à 3% pour que l'opération soit rentable, sans compter les frais de gestion et les impôts éventuels.

Maintien d'une réserve de liquidités

Conserver une partie des fonds empruntés sous forme de liquidités peut servir de coussin de sécurité en cas de baisse temporaire du marché ou d'appel de marge. Cette réserve permet d'éviter la vente forcée d'actifs à un moment défavorable et offre une flexibilité pour saisir les opportunités d'investissement qui peuvent se présenter. Une règle empirique couramment admise est de maintenir une réserve de liquidités équivalente à 6 mois de remboursements d'emprunt. Ainsi, pour un emprunt de 100 000 € avec des mensualités de 1 800 €, une réserve de 10 800 € serait recommandée.

Élaboration d'une stratégie d'investissement claire et prudente

Définir une stratégie d'investissement solide avant d'emprunter est essentiel. Cette stratégie doit prendre en compte votre profil de risque, vos objectifs financiers à long terme et votre horizon d'investissement. Elle doit également inclure des règles claires pour la gestion du portefeuille, comme des seuils de rééquilibrage et des critères de sélection des investissements.

Exemple de stratégie d'investissement prudente

  • Allocation d'actifs : 60% actions / 40% obligations
  • Rééquilibrage trimestriel si l'allocation dévie de plus de 5% de la cible
  • Limitation des investissements individuels à 5% maximum du portefeuille
  • Utilisation de fonds indiciels à faibles frais pour la majorité des investissements
  • Mise en place d'ordres stop-loss à -20% sur les positions individuelles
En appliquant ces principes, un investisseur ayant emprunté 100 000 € pourrait par exemple investir 60 000 € en actions via des ETF sur des indices larges (CAC 40, S&P 500, MSCI World), 30 000 € en obligations d'État et d'entreprises de qualité, et conserver 10 000 € en liquidités. Cette approche permettrait de bénéficier de la croissance à long terme des marchés tout en limitant les risques de pertes importantes. Bien que l'emprunt pour investir en bourse puisse offrir des opportunités intéressantes, il est impératif de mettre en place des garde-fous solides pour minimiser les risques. Une diversification judicieuse, une compréhension approfondie des termes de l'emprunt, le maintien d'une réserve de liquidités et l'élaboration d'une stratégie d'investissement prudente sont autant d'éléments qui peuvent contribuer à réduire significativement l'exposition aux risques tout en préservant le potentiel de rendement.

Les alternatives à l'emprunt pour investir en bourse

L'emprunt pour investir en bourse comporte des risques significatifs, comme nous l'avons vu précédemment. Heureusement, il existe des alternatives plus sûres et tout aussi efficaces pour se constituer un capital boursier. Examinons les principales options qui s'offrent aux investisseurs souhaitant éviter l'endettement.

L'épargne régulière : la voie de la prudence

L'épargne régulière représente l'alternative la plus sûre à l'emprunt. Elle consiste à mettre de côté une somme fixe chaque mois pour constituer progressivement son capital d'investissement. Par exemple, en épargnant 140 euros par mois, un investisseur peut accumuler 1680 euros au bout d'un an, sans aucun coût d'emprunt ni risque financier. Cette approche présente plusieurs avantages :
  • Absence de frais financiers liés à un emprunt
  • Flexibilité pour ajuster le montant épargné selon ses moyens
  • Développement d'une discipline d'épargne sur le long terme
  • Possibilité d'investir progressivement et de lisser les fluctuations du marché

Comparaison épargne vs emprunt sur 5 ans

Méthode Capital constitué Coût total Risque financier
Épargne (140€/mois) 8400€ 0€ Faible
Emprunt (8400€ à 5%) 8400€ 1113€ d'intérêts Élevé

Les placements à long terme : miser sur la durée

Les placements à long terme, comme les plans d'épargne en actions (PEA) ou l'assurance-vie, offrent une alternative intéressante à l'emprunt. Ces véhicules d'investissement permettent de bénéficier de la croissance des marchés sur une longue période, tout en profitant d'avantages fiscaux. Le PEA, par exemple, offre une exonération d'impôt sur les plus-values après 5 ans de détention. L'assurance-vie, quant à elle, bénéficie d'une fiscalité avantageuse sur les rachats après 8 ans. Ces horizons de placement encouragent une approche patiente et disciplinée de l'investissement.

Exemple de rendement d'un PEA sur 10 ans

Année Versements cumulés Valeur du portefeuille (hypothèse 6% / an)
1 1680€ 1780€
5 8400€ 9897€
10 16800€ 22382€

Les plans d'investissement programmés : la régularité comme atout

Les plans d'investissement programmés permettent d'investir automatiquement une somme fixe à intervalles réguliers, généralement chaque mois. Cette stratégie, appelée "dollar cost averaging" en anglais, présente plusieurs avantages :
  • Lissage des fluctuations du marché sur le long terme
  • Réduction du risque de timing de marché
  • Discipline d'investissement facilitée
  • Possibilité de commencer avec de petites sommes
Par exemple, un investisseur qui aurait placé 100€ par mois dans un ETF répliquant le CAC 40 entre 2014 et 2024 aurait obtenu un rendement annualisé de 7,2%, malgré les périodes de volatilité comme la crise du Covid-19.

L'investissement participatif : une alternative innovante

L'investissement participatif, ou crowdfunding, permet d'investir directement dans des entreprises ou des projets sans passer par les marchés boursiers traditionnels. Cette approche offre plusieurs avantages :
  • Accessibilité avec des tickets d'entrée souvent faibles (dès 100€)
  • Diversification dans des secteurs variés (immobilier, énergies renouvelables, start-ups...)
  • Potentiel de rendements attractifs (entre 5% et 10% par an en moyenne)
  • Sentiment de soutenir l'économie réelle
Cependant, il convient de rester vigilant face aux risques inhérents à ce type d'investissement, notamment le risque de perte en capital et la moindre liquidité par rapport aux marchés boursiers classiques.

Comparaison des alternatives à l'emprunt

Méthode Avantages Inconvénients
Épargne régulière Sécurité, flexibilité Constitution lente du capital
Placements long terme Avantages fiscaux, croissance composée Liquidité réduite
Plans d'investissement programmés Lissage du risque, discipline Rendements potentiellement moindres en forte hausse
Investissement participatif Diversification, rendements potentiels élevés Risque de perte en capital, liquidité limitée
Ces alternatives à l'emprunt offrent des voies plus sûres et souvent plus adaptées pour se constituer un capital boursier. Elles permettent de développer une approche disciplinée de l'investissement, tout en évitant les risques liés à l'endettement. Chaque investisseur devra choisir la méthode qui correspond le mieux à sa situation financière, ses objectifs et sa tolérance au risque. L'emprunt pour investir en bourse reste une stratégie risquée qui nécessite une bonne compréhension des marchés financiers. À l'avenir, les investisseurs pourraient se tourner davantage vers des alternatives comme l'épargne régulière ou les plans d'investissement programmés, qui offrent une approche plus sécurisée. La tendance pourrait évoluer vers des stratégies hybrides, combinant emprunt modéré et épargne, pour optimiser le rapport risque-rendement.